Le fort de Cormeilles est le premier chantier ouvert pour la réalisation des nouvelles défenses de Paris. Sa proximité avec capitale le désignera comme « fort témoin » pour que les officiels venant le visiter puissent découvrir le « système Séré de Rivières ».

Il forme, avec les ouvrages annexes du plateau de Cormeilles-Sannois, l’un des plus grands ensembles fortifiés du camp retranché de Paris Ils comptent 113 pièces d’artillerie servies par 1 247 hommes.

Le chantier sera ouvert le 1er juillet 1874 et fermé le 31 décembre 1877, soit une durée de trois ans et demi de construction.

Poste anti-aérien sur un des cavaliers du Fort
Poste anti-aérien sur un des cavaliers du Fort

Le fort de Cormeilles occupe le sommet d’un mamelon de forme tronconique (168 m) situé à l’extrémité Ouest de la colline de Cormeilles. De ce mamelon, dénudé en 1874, nous pouvions découvrir un panorama de 280° qui s’étendait depuis l’arc de triomphe jusqu’au village de Montlignon Cela en faisait une position stratégique de premier ordre. Un peu avant 1914, la colline a été entièrement reboisée.

La mission du plateau fortifié de Cormeilles-Sannois est :

  • D’une part, de barrer le pied de la presqu’île de Houilles, qui est une plaine maraîchère indispensable pour accueillir et nourrir une armée repliée sous Paris et,
  • D’autre part, d’interdire à l’ennemi toute circulation sur les voies ferrées allant à Poissy, Conflans-Sainte-Honorine, Pontoise et L’Isle-Adam.

Les feux de l’artillerie contrôlent les débouchés des forêts de Saint-Germain-en-Laye et de Montmorency, ainsi que les plaines d’Herblay, Bessancourt, Pierrelaye et Eaubonne.

Lors des opérations d’expropriation des terrains, l’on peut noter la forte opposition de la mairie de Cormeilles qui n’accepte pas le prix d’achat du terrain proposé par le Service du génie. Elle obtiendra gain de cause après un compromis sur le prix de vente des moellons extraits sur le plateau.

L’accès au plateau de Cormeilles-Sannois est difficile, avec seulement deux chemins de terre qui présentent de fortes déclivités. Le choix du moyen d’acheminement des matériaux était problématique. Finalement, le Service du génie optera pour la création d’une voie de chemin de fer étroite qui partira des carrières de calcaire de Sartrouville, longera la Seine jusqu’à La Frette, puis amorcera la montée de la terrasse de la Seine vers le fort et obliquera vers l’entrée du village de Montigny. À partir de ce point, il faudra trois points de rebroussement pour gravir le flanc de la colline.

Un quai de déchargement sera créé en bordure de Seine, à La Frette, pour la livraison de matériaux par péniches (moellons de Neuville).

Une pompe, commandée par une machine à vapeur d’une puissance de 10 CV, sera installée devant la mairie de La Frette pour envoyer de l’eau de Seine sous pression jusqu’au réservoir du chantier du fort.

Toutefois, le mortier des maçonneries du fort de Cormeilles est à peine sec que survient, en 1885, la crise des obus torpilles (obus au fulmicoton pour les Allemands et obus à la mélinite pour les Français). L’industrie a fait de tels progrès qu’il est maintenant possible de fabriquer des explosifs chimiques très puissants. Les essais de tir effectués sur le fort de La Malmaison avec des obus à la mélinite montrent que les forts maçonnés du général Séré de Rivières ne résistent pas.

C’est le début de l’ère des fortifications en béton, puis un plus tard en béton armé, lorsque l’on aura maîtrisé la technique des fers à béton.